L'effet du mycophénolate mofétil sur les podocytes dans la néphrite sérique néphrotoxique
Rapports scientifiques volume 13, Numéro d'article : 14167 (2023) Citer cet article
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Le mycophénolate mofétil (MMF) est utilisé dans les maladies rénales protéinuriques, mais le mécanisme exact de son effet sur les podocytes est encore inconnu. Nos précédentes expériences in vitro suggéraient que le MMF pouvait améliorer les dommages causés aux podocytes via la restauration de l'axe du cytosquelette Ca2+-actine. Le but de cette étude était de caractériser la biologie des podocytes pendant le traitement par MMF dans la néphrite à sérum néphrotoxique (NTS) (NTN). NTN a été induit chez des souris de type sauvage âgées de trois semaines. Au jour 3, la moitié des souris ont été traitées avec du MMF (100 mg/kgBW/j po) pendant une semaine. Au jour 10, nous avons effectué une analyse protéomique des glomérules ainsi qu’une imagerie super-résolution du diaphragme à fente. Pour l’imagerie multiphotonique de la concentration de Ca2+ ([Ca2+]i), le plan expérimental a été répété chez des souris exprimant un capteur de Ca2+ spécifique aux podocytes. Le MMF a amélioré la protéinurie et la formation de croissant induites par le NTS. Nous avons identifié des changements significatifs dans l'abondance des protéines impliquées dans la signalisation du Ca2+ et la régulation du cytosquelette d'actine, ce qui a été confirmé par l'imagerie directe du [Ca2+]i dans les podocytes montrant une diminution des taux de Ca2+ après le traitement par MMF. Ceci était associé à une tendance à la restauration de la structure du processus podocytaire du pied. Nous apportons ici la preuve que le MPA a un effet direct substantiel sur les podocytes. Le MMF contribue à l’amélioration du [Ca2+]i et à l’amélioration du cytosquelette d’actine désorganisé dans les podocytes. Ces données élargissent la connaissance des effets directs des immunosuppresseurs sur les podocytes, ce qui pourrait contribuer à un traitement plus efficace des glomérulopathies protéinuriques avec le moins d'effets secondaires possible.
Les glomérulopathies représentent 5 à 14 % des enfants atteints d’insuffisance rénale chronique et 15 à 29 % des enfants souffrant d’insuffisance rénale dans le monde1. De nombreux patients atteints de glomérulopathies ne peuvent être maintenus en rémission qu’avec un traitement de longue durée aux stéroïdes. Cependant, l’utilisation prolongée de ce médicament entraîne des effets indésirables graves. Par conséquent, les pédiatres en particulier étudient des options thérapeutiques alternatives d’épargne stéroïdienne telles que le mycophénolate mofétil (MMF) dans cette population vulnérable2.
Le MMF, le promédicament de l'acide mycophénolique (MPA) biologiquement actif, agit comme un inhibiteur puissant et réversible de l'IMPDH, l'enzyme clé de la biosynthèse des purines de novo dans les lymphocytes en prolifération, supprimant ainsi les réponses immunitaires à médiation cellulaire et la formation d'anticorps3. La première étude sur les effets rénaux du MMF a montré qu'il prévient le processus de rejet chronique des allogreffes en diminuant l'expression des molécules d'adhésion et des cytokines dans les glomérules, prévenant ainsi la glomérulosclérose4. Au cours des deux dernières décennies, le MMF a été établi et largement utilisé également dans les glomérulopathies inflammatoires5.
Au-delà de son effet immunosuppresseur bien caractérisé, nous savons peu de choses sur la façon dont le MMF agit directement sur le tissu rénal, en particulier sur les podocytes6,7. Dans la néphropathie diabétique, un taux d'apoptose plus faible des podocytes et une expression préservée de la néphrine et de la podocine ont été observés dans le groupe traité par le MMF8. Ceci est conforme aux résultats d'un modèle de puromycine dans lequel l'inhibition de l'IMPDH a restauré le pool d'ATP, qui a conservé l'expression de la néphrine et de la synaptopodine et stabilisé le cytosquelette d'actine9. De plus, Fu et al. ont montré un effet direct du MMF sur une maladie rénale à médiation immunitaire : des souris MRL/lpr ont été traitées avec du MMF. Par la suite, le séquençage d’ARN effectué sur le cortex rénal isolé a montré une diminution significative de l’expression du gène Rac1, qui perturbe la formation des fibres de stress physiologique, lorsqu’il est activé10. Dans le même esprit, nos précédentes expériences in vitro effectuant le séquençage de l'ARN d'une lignée cellulaire de podocytes traités au MPA ont révélé une accumulation des termes « cytosquelette d'actine » et « régulation de la petite transduction de signal médiée par la GTPase ». De plus, les termes « activité des canaux calciques » et « transport des ions calcium » ont également été enrichis11. L’augmentation de la concentration intracellulaire de calcium ([Ca2+]i) dans les podocytes12 peut conduire à une réorganisation aiguë du cytosquelette d’actine, voire à un effondrement du cytosquelette et à une protéinurie13,14,15,16. Dans la présente étude, nous voulions confirmer si le MMF est également capable d'améliorer les dommages aux podocytes via la restauration de l'axe du cytosquelette Ca2+-actine dans un modèle in vivo de néphrite sérique néphrotoxique (NTN).